je n’éprouve que dégoût pour la corruption perfide
qui saoule, tue, ruine et abrutit
je veux une corruption pleine d’audace, pleine d’esprit
éveilleuse des plus nobles pensées
qui ait de l’imagination
qui pareille à l’incendie
dévaste tout
pour que tout puisse être reconstruit
que la concentration des forces positives
ne puisse rien contre elle
(la justice est d’ailleurs un acte intellectuel, et non sentimental)
qu’elle soit nerveuse, enthousiaste, urbaine
qu’elle fasse fleurir la république
qu’elle se passe de raisons, de tiédeurs, de chimères
qu’elle soit brillante, éblouissante, emportant tout sur son passage
comme la crue d’un fleuve en Amérique du Sud
aphoristique, mais indiscrète et démasquante
que Dalila jamais ne brise la force de Samson
que la lecture de Cicéron soit impunie
qu’elle se fasse volupté et qu’elle n’ait point de fin
qu’elle nous fasse interminablement l’amour
qu’elle soit Eros
l’étalage du spectacle
désir impitoyable foulant le seuil du songe
désert fertile plante carnivore
réalité torride inverse de la tyrannie
égarement historique absolu
qu’elle nous rappelle Tacite, Rome et Jérusalem
Aristote et l’histoire universelle
qu’elle chérisse Machiavel et l’excitante perversité
qu’elle adore Kant, que sa logique jamais ne rapetisse
la corruption – qu’elle soit sentimentale, avenante
de toute fronde qu’elle soit le plus vulgaire factieux
le fauve des fauves
qu’elle persécute l’indifférence
qu’elle soit ce point certain qui sort le monde de ses gonds
(car à quoi bon)
Megjelent: Irodalmi Jelen, 2020. január 23.